« Il est essentiel de gérer le tennis et le padel en cohérence tout en assurant une gestion sportive spécifique et autonome »
Pierre Crevits, vous voilà donc président d’une nouvelle Fédération ?
Pierre Crevits : je vous arrête tout de suite (sourires), je ne deviens pas président d’une nouvelle Fédération, je reste le président d’une Fédération qui a décidé d’écrire une nouvelle page de son histoire. Une histoire qui, faut-il le rappeler ?, a commencé en 1979 et qui va donc se poursuivre sous un nouveau nom.
Pourquoi, précisément, avez-vous décidé de changer de nom ?
Pierre Crevits : ce changement de nom est en réalité la partie la plus visible d’une réflexion que l’ensemble des équipes de ce qui est désormais Tennis Padel Wallonie-Bruxelles mène depuis des mois. Cette réflexion a été nourrie par trois faits principaux : l’arrivée du padel dans le giron de l’ex-AFT, le fait que, alors que le nombre d’affiliés tennis ne cesse de monter, la couverture médiatique du tennis est de moins en moins importante et, ensuite, la volonté de toutes les forces vives reconnues du tennis et du padel en Belgique de travailler plus que jamais la main dans la main.
Si vous le voulez bien, commençons par le premier de ces points, l’arrivée du padel dans le giron de l’ex-AFT.
L’AFT, vous le savez, est un acronyme qui vient de Association Francophone de Tennis. Depuis l’arrivée du padel, ce nom pouvait poser question puisque le T est évidemment la première lettre du mot Tennis. Certains joueurs, gestionnaires de clubs et amateurs de padel pouvaient légitimement ne pas se retrouver dans le nom de « leur » Fédération puisque « leur » sport n’apparaissait pas.
L’arrivée du padel était déjà complètement assumée mais il nous semblait logique que cela se traduise également tant au niveau nominatif que visuel. Ce qui est fait puisqu’il n’y a plus de différence de traitement de nom et de visuel entre le padel et le tennis.
Ce changement ne risque-t-il pas de déplaire à ceux qui jouent au tennis et/ou qui gèrent des clubs de tennis ?
Non, je ne le pense pas. Il faut savoir que les clubs de chacune des deux disciplines sont représentés dans les différents niveaux de pouvoir dont les départements spécifiques qui s’occupent des classements ou des compétitions. Je pense entre autres au comité de gestion du padel ou au RCC (Règlements des compétitions et des classements) composé de membres provenant de chaque région de l’ex-AFT. J’ajoute que sur les 15 membres de l’Organe d’Administration (ex-CA) de notre fédération, 50 % représentent des clubs qui proposent tennis et padel. Cela pour dire que nos décisions se prennent en pleine concertation avec les représentants du tennis, de ses régions et du padel.
J’en reviens à votre question. Le tennis ne disparaît pas du tout, au contraire puisque, depuis des années, on ne disait plus Association Francophone de Tennis mais bien AFT. Désormais, le mot tennis est à nouveau lisible, audible et visible, tout comme le mot padel. Tout le monde est donc gagnant.
Vous avez évoqué la baisse de couverture médiatique du tennis ?
Oui, c’est un fait. Je répète que le nombre d’affilés tennis ne cesse d’augmenter depuis quelques années – tout comme le nombre d’affiliés padel, d’ailleurs – mais les médias couvrent moins le tennis que du temps des Justine Henin et Kim Clijsters, mais aussi moins que quand David Goffin, Steve Darcis, Olivier Rochus et bien d’autres nous gratifiaient de résultats de très haut niveau. Aujourd’hui, le niveau général du tennis est tellement haut que nos joueurs et joueuses, pourtant toujours de très bonne qualité, réussissent moins d’exploits médiatiques. Il en va de même pour nos équipes nationales qui, bien que figurant toujours parmi les 16 meilleures nations mondiales, ne voient pas leurs rencontres systématiquement retransmises.
Ajoutez à cela les très bonnes performances belges en cyclisme, athlétisme, hockey, basket et vous aurez compris que la place réservée au tennis est moins importante.
Nous avons donc décidé de prendre plus que jamais notre destin en mains. Le changement de nom, comme déjà dit, remet le mot tennis en avant et nous investissons aussi beaucoup sur la communication pour insister sur le fait que Tennis Padel Wallonie-Bruxelles est, de loin, avec ses plus de 90.000 affiliés, la deuxième fédération sportive de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cet objectif de com explique aussi le fait que nous travaillons énormément avec nos amis et partenaires de Tennis en Padel Vlaanderen. Padel Belgium existe déjà et nous sommes en train de travailler en profondeur sur Tennis Belgium.
Ce qui est capital puisqu’il faut savoir que les équipes nationales de tennis et de padel sont exclusivement gérées Tennis Belgium et Padel Belgium qui sont composées de représentants de Tennis Padel Wallonie Bruxelles et de Tennis en Padel Vlaanderen.
Et ce n’est pas la seule exclusivité, puisque les seules formations de cadres reconnues par la FWB côté francophone sont celles dispensées par Tennis Padel Wallonie-Bruxelles, que ce soit en tennis ou en padel.
Le nouveau nom et le nouveau logo sont accompagnés de deux messages. Le premier avance : une fédération, une philosophie, une communauté.
Oui, une seule fédération pour les pratiquants de tennis et de padel.
Je parle bien de tous les pratiquants. Nous sommes très ouverts et notre philosophie, hier déjà et plus encore aujourd’hui, veut en effet que nous soyons ouverts à tous. Notre volonté est de permettre à tous de pratiquer leur sport préféré dans les meilleures conditions. Quand je dis que nous sommes ouverts à tous, cela veut dire que nous ferons tout pour que le « une communauté » regroupe TOUS les tennismen et tenniswomen, TOUS les padelmen et padelwomen, si tant est que ce terme existe (sourires). Cette volonté se traduira par différentes initiatives, dans le respect de chacun et l’intérêt de cette communauté.
Le fait d’avoir une seule fédération pour deux sports aussi complémentaires présente de nombreux avantages, dont, bien entendu, des avantages économiques. En mutualisant nos ressources, nous pouvons faire des économies qui se répercutent positivement sur les clubs, sur les affiliés et, aussi, au niveau des pouvoirs subsidiants.
En réalité, ces deux sports se nourrissent l’un l’autre. Des joueurs de tennis qui avaient arrêté ont repris le chemin des terrains grâce au padel et des joueurs de padel sont venus au tennis. Preuve en est que le nombre d’affiliés grimpe dans les deux disciplines.
La Belgique n’est d’ailleurs pas le seul pays, loin de là, où une même fédération gère tennis et padel. Je vous donne quelques exemples : France, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, etc.
Vous parlez d’une communauté mais vous avez tout de même trois logos : un général, un pour le tennis et un pour le padel. N’est-ce pas contradictoire ?
Absolument pas. Même dans les familles les plus unies, il peut y avoir des sous-groupes, ce pour des raisons de spécificités et/ou d’efficacité. Si Tennis Padel Wallonie-Bruxelles va proposer des activités communes aux deux sports, il y en aura encore de nombreuses qui seront soit uniquement tennis, soit uniquement padel. Chacun pourra cependant profiter de l’expérience de l’autre pour que toutes les activités intra-communautaires soient optimales.
Il est aussi important de préciser qu’il y a beaucoup de joueurs qui pratiquent tennis ET padel et que le nombre de clubs de tennis proposant désormais également du padel dépasse les 35%. Bientôt, j’en suis convaincu, plus de deux tiers de nos clubs seront mixtes padel et tennis. Il est donc essentiel de gérer ces deux sports en cohérence, avec une mutualisation des outils et des ressources, tout en assurant une gestion sportive spécifique et autonome.
J’ajoute, et c’est important, que les clubs qui proposent uniquement du tennis ou du padel, appelés « only tennis » ou « only padel », continueront à bénéficier d’une attention particulière et, comme les clubs « mixtes », ils bénéficieront de la structure générale mais aussi du partage d’expérience.
Ce qui compte, principalement, c’est ce partage des connaissances et des ressources afin de continuer à grandir ensemble tout en faisant, je le répète, des économies d’échelle.
Venons au deuxième message : Toujours plus de services.
Vous aurez évidemment remarqué que notre logo met en exergue l’une des différences notoires entre le tennis et le padel : le service qui se joue par au-dessus en tennis (sauf dans certains cas 😉 et par en-dessous en padel. Nous nous appuyons sur cette différence pour confirmer que Tennis Padel Wallonie-Bruxelles offre de plus en plus de services. Des services de qualité et professionnels puisque nous pouvons compter sur une équipe composée dans sa quasi-totalité de joueurs et joueuses de tennis et/ou de padel. Ils et elles savent donc de quoi ils et elles parlent. Et ils et elles peuvent s’appuyer sur une structure qui, je le redis avec force, a fait ses preuves depuis plus de 40 ans et les fera encore pendant au moins la même période.