Samuel Deflandre : « On sort d’une année un peu folle ».
Il n’est pas trop tard pour souhaiter à toutes et tous une belle année 2024. Si on ne peut nier que notre tennis se trouve dans une période de transition en termes de grands résultats internationaux, l’activité en elle-même se porte bien. L’AFT et son personnel gardent même de 2023 le sentiment d' »une année un peu folle, l’une des plus chargées et mouvementées depuis 2015 lorsque la Belgique avait organisé quatre rencontres de Coupe Davis sur son sol », dit le secrétaire général Samuel Deflandre.
Q. Samuel, en quoi les douze derniers mois vous ont-ils à ce point marqué ?
Pour faire face au développement de nos différentes activités, et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons accueilli l’an dernier quatre nouveaux collaborateurs, une assistante administrative pour la formation de cadres, un coordinateur sportif pour le padel, un architecte informatique, et un chargé de communication, ce n’est pas rien. Ils se sont parfaitement coulés dans le moule, mais cela demande un peu de temps d’adaptation, d’autant que… l’on a aussi déménagé d’un étage dans le bâtiment que nous occupons en bordure de Nationale 4. Nous sommes beaucoup mieux aujourd’hui, à tout point de vue, avec une équipe de collaborateurs, à Wierde, à Mons et dans les régions, toujours aussi passionnée et performante. 2023 a aussi été l’occasion de regarder dans le rétroviseur et de célébrer les 30 ans du Centre de formation du Mons. Ce sont des moments où l’on se sent particulièrement fier de ce qui a été réalisé et de ce que représente l’AFT. Tout le monde était là… et visiblement content d’y être, Justine, Steve, David, entraîneurs, dirigeants, personnel, personnalités politiques, d’hier et d’aujourd’hui, mêlant souvenirs et projets. Une soirée que personne n’oubliera.
Q. Ces dernières années, l’incroyable progression du padel a forcément modifié le paysage.
R. Modifié le paysage, oui, mais pas au détriment du tennis qui reste le deuxième sport le plus pratiqué dans notre pays, singulièrement en fédération Wallonie-Bruxelles. La participation aux compétitions est de plus en plus importante, l’engouement est intact. L’activité padel a pratiquement doublé en un an au sein de l’AFT interclubs, tournois, masters, animations diverses. Cet accroissement d’activité, sauf en de très rares exceptions, n’a eu aucun impact sur la pratique du tennis, ce dont je me réjouis. Les deux disciplines doivent cohabiter et être gérées ensemble. C’est dans l’intérêt des clubs et des affiliés.
Q. Toutes les polémiques autour de la gestion du padel ont continué d’occuper les esprits, de prendre beaucoup de temps, et de faire couler pas mal d’encre…
R. … Je ne dis pas le contraire, c’est usant, et nous nous félicitons que le gouvernement y ait coupé court en reconnaissant pour la quatrième fois d’affilée l’AFT comme seule fédération responsable de la gestion du padel en fédération Wallonie-Bruxelles. C’est n’est que logique. Je me répète mais notre présence sur le terrain, notre gestion éthique, notre bonne gouvernance, notre implication à tous niveaux (régional, national, international) et dans tous les secteurs (formation des entraineurs, des arbitres, gestion des compétitions, labellisation des clubs) montrent une nouvelle fois l’intérêt de conduire ces deux disciplines en parallèle, tout en conservant les particularités de chacune. La première des Masters AFTPadel a d’ailleurs clôturé la saison en beauté dans les magnifiques installations du Roch4 Padel Club, avec les meilleurs dans chaque catégorie, l’ambiance était juste incroyable. Dans le même ordre d’idée, je me réjouis de la très bonne collaboration avec nos collègues de Tennis Vlaanderen, les contacts sont de plus en plus fréquents, positifs et constructifs, à la poursuite d’objectifs de développement communs pour les deux sports.
Q. Outre les traditionnelles compétitions régionales (Interclubs Ethias, Criterium Tennispoint, Ethias Doubles Dames, etc), l’AFT s’est impliquée en 2023 dans divers événements qui ont fait du bien au tennis, quand elle ne les organisait pas elle-même, les plus importants étant le BW Open, le Circus Brussels Padel Open, la Billie Jean Cup à Charleroi ou l’AFT Cup. Cette dernière est vraiment une précieuse réussite, sportivement et humainement, les enfants en redemandent.
R. La création du BW Open est très importante pour la promotion du tennis, l’AFT se devait d’être partie prenante, et sa première édition a visé dans le mille, avec la victoire de David Goffin et la demi-finale de Gauthier Onclin. Le tournoi avait besoin de ça pour être sur de bons rails, et c’est mérité. Quant à l’AFT Cup, on a eu la confirmation de son impact multiple, détection, animation des régions, sens de l’équipe, de la vie en commun, jouer pour gagner dans une atmosphère enthousiaste qui respire le fair play et le plaisir. C’est un week-end qui demande une préparation minutieuse et un investissement total, surtout de la part du staff sportif, mais c’est un succès énorme et très inspirant. La grande nouveauté pour nous est la collaboration nouée avec Kid Noize, qui a donné du relief et de l’ambiance à la cérémonie d’ouverture de cette AFT Cup, entraînant les enfants dans un bel esprit de fête. C’est un DJ qui a des valeurs et qui aime les partager avec les jeunes, ce qu’il fera tout au long de l’année – et déjà lors du prochain BW Open -, notamment à l’occasion de notre Junior tour auquel son nom est à présent associé. 2023 a également été la confirmation de l’importance que nous portons à notre responsabilité sociétale qui se marque largement à travers notre programme SCORE et tous les piliers qui s’y réfèrent. Dans ce cadre, je me réjouis particulièrement de l’intégration toujours plus importante des personnes moins valides au sein de nos clubs et de nos activités classiques pour valides. C’est également à travers ce programme que nous développons toute une série d’actions, animations voire jeux ludiques pour transmettre un maximum des valeurs du sport dont le respect, le fair-play, le dépassement de soi aux plus jeunes…notamment. Cette vision se poursuivra en 2024 avec l’identification de référents « Ethique » au sein des clubs qui serviront de relais pour toutes ces matières.
Q. En Coupe Davis et en Billie Jean King Cup, nos équipes se sont imposées dans les barrages auxquels elles étaient contraintes et se sont maintenues au niveau mondial. Le fait qu’aucune des deux n’était en phase finale a-t-il des conséquences financières pour la fédération ?
R. Je ne vais pas entrer dans le détail, mais en gros quand on est en phase finale il y a un bénéfice financier et quand on organise une rencontre chez nous le plus souvent cela coûte de l’argent. En revanche, le grand point positif est que les supporters ont pu revoir leurs équipes, à Hasselt pour les garçons et à Charleroi pour les filles, après quatre ans sans prestation à domicile. En Billie Jean King Cup, on savait qu’en accueillant les Hongroises dans le superbe Dôme carolo on n’allait pas créer le buzz, même avec un maximum de promotion, mais on est malgré tout parvenu à réunir le public et à créer l’ambiance que les filles méritaient. Celles et ceux qui y étaient ne l’ont pas regretté. On a vu une équipe de battantes qui avait du talent, du coeur, et faisait plaisir à voir. Pour répondre à votre question, oui, la participation, l’organisation, les résultats des compétitions internationales de tennis et de padel ont un impact financier important; nous devons en tenir compte et anticiper ce qui peut l’être. Cette année, nous pouvons à nouveau nous qualifier. Le tirage au sort ne nous a pas particulièrement gâtés (Coupe Davis en Croatie, Billie Jean King Cup aux Etats-Unis), mais tout est possible dans ce genre de compétition, il faut y croire.
Q. Quels sont les autres défis attendus pour 2024 ?
R. Au niveau sportif, on est impatient de retrouver Raphaël Collignon et Emilien Demanet à leur meilleur niveau après six mois d’absence pour blessures, et on espère voir Gauthier Onclin aux alentours de la 150e place mondiale. Au niveau fédéral, nous devons poursuivre le développement du padel dans les très nombreux clubs qui nous soutiennent, mais convaincre également les autres que l’intérêt général du sport et des sportifs passe avant les considérations personnelles ou identitaires. Enfin, durant des années, nous avons été précurseurs en matière de digitalisation et d’outils informatiques pour nos clubs et affiliés. Nous sommes aujourd’hui conscients de devoir améliorer leur expérience d’utilisateur, et nous nous y engageons. A ce propos, nous préparons une surprise très ludique pour tous les compétiteurs et les compétitrices. Une surprise qui devrait faire parler d’elle et qui ne manquera pas, j’en suis certain, de mettre de l’ambiance dans les clubs. Je n’en dis pas plus… L’année 2024 sera également une année très sportive avec notamment l’organisation des jeux olympiques et paralympiques à notre porte. Nous espérons évidemment en revenir avec de très bons résultats. J’aimerais conclure en soulignant que dans un contexte économique de plus en plus instable nous avons la chance que nos partenaires historiques majeurs, Ethias et BNP Paribas Fortis notamment, nous soient fidèles et nous fassent confiance, ils sont très importants pour l’ensemble de nos activités. Quant à l’AFT Padel, elle peut compter sur les collaborations nouvelles nouées avec Keytrade Bank et Carlsberg notamment.